Chronique : France-Tchad : le vrai deal politique

L’Arche de Zoé ou l’histoire des commandos humanistes On se rappelle de cette histoire fortement médiatisée des activistes de l’association française humanitariste, l’Arche de Zoé. Ceux-ci avaient enlevé 103 enfants « orphelins » du Darfour pour les amener en Europe et leurs offrir un avenir meilleur. Pour la réussite de l’opération, il a été nécessaire d’implanter de faux bandages et des maquillages aux enfants pour leurs faire passer la frontière. Cependant, tout ceci était effectué à l’insu du gouvernement tchadien, et par conséquent, juridiquement interdit. Les participants à cette opération « commando » ont été capturés par la police locale et ont été accusés de « tentative d’enlèvement de mineurs tendant à compromettre leur état civil, faux et usage de faux en écriture publique et grivèlerie ». Ce qui a amèné la justice tchadienne à les condamner à 8 ans de travaux forcés. Connaissant les conditions de détentions au Tchad, le gouvernement français a battu des mains et des ailes pour les faire rapatrier en France pour purger leur peine. Ils ont été rapatriés le 28 décembre 2008 en France et seront condamnés par la suite à 8 ans de prison ferme. La sentence, selon les familles, ne reflète pas le vrai visage de la justice française. L’accord militaire ou l’exigence de défense Le Tchad et la France ont signé en 1986 un accord de défense qui se résume à la « sauvegarde de l’intégrité territoriale du Tchad ». En d’autres termes, le Tchad, en cas d’attaque extérieure ou intérieure (rébellion) pourrait compter sur son allié français pour rétablir la stabilité politique et la défense de l’intégrité du régime en place. Au printemps 2006, suite à une attaque des rebelles, la France était intervenue dans un cas similaire pour sauver le régime en place. Cette entente bilatérale étant toujours en vigueur, le pouvoir tchadien a su en profiter pour faire face aux mouvements rebelles qui s’étaient regroupés sous un Commandement Militaire Unifié (CMU), réunissant une bonne partie des forces rebelles, armées de lance roquettes et à bords de camions munis de mitrailleuses embarquées. C’est par millier qu’ils ont assailli la capitale tchadienne qui s’est embrasée durant la matinée du 2 février. Inquiètes de la situation, la France et les chancelleries étrangères avaient commencé à organiser le rapatriement de leurs ressortissants. Pour ce faire, une zone de sécurité a été implantée autour de l’aéroport international de Ndjamena. C’était une priorité plus ou moins stratégique. Et c’était aussi une manière de protéger les chasseurs et les hélicoptères de combat de l’armée tchadienne stationnés sur le tarmac (des Mil Hind. russes, Antonov ukrainiens, et des chasseurs Mirages français). Ceci accompagné d’une ferme décision de riposte en cas d’attaque. Cette présence était décriée par les forces rebelles comme étant une ingérence dans les affaires internes du Tchad. La France protége le régime tchadien et Deby amnistie les français Au premier jour du conflit, dans la matinée, les deux chefs d’État, Idriss Deby et Nicola Sarkozy, se sont entretenu longuement au téléphone, rapporte le service d’information de l’Elysée. Ceci explique cela. On pourrait facilement comprendre que le deal a eu lieu à ce moment précis où le président tchadien commençait à perdre le contrôle de Ndjamena (la garde présidentielle ripostait aux attaques rebelles depuis la présidence à l’aide de tanks) et il avait besoin d’une intervention militaire pour desserrer l’étau. Ce qui n’a pas tardé à tomber avec la mise en alerte du Conseil de sécurité des Nations Unies, dont la France est membre, et la condamnation ferme des attaques rebelles. L’appui supposé du gouvernement de Khartoum aux rebelles a sans doute accéléré le processus. Cette déclaration du Conseil de Sécurité validait en quelque sorte l’application effective de l’accord de défense et cautionnait implicitement l’intervention de l’armée française pour rétablir l’ordre. Le président Sarkozy a été clair, « si la France doit faire son devoir, elle le fera ». En d’autres termes, la France, en vertu de son entente militaire bilatérale avec le Tchad, défendra l’intégrité du régime en place. Après cela on comprend que le régime de Deby n’a plus trop à s’inquiéter, sachant qu’il y a présentement quelque 1450 soldats français sur place, bien équipés, et prêts à intervenir en cas de besoin.
Reste au président tchadien à faire sa part, en graciant les activistes de l’Arche de Zoé. Ce qui ne devrait plus tarder, comme il l’a lui-même déclaré lors de sa première conférence de presse après l’attaque : « si la France le demande, il n’est pas impossible que j’étudie cette question, puisque l’amnistie figure dans mes attributions présidentielles ». Depuis, les avocats des inculpés s’activent à Paris pour la mise en marche des procédures d’amnistie. Le ministre français de la Défense a effectué mercredi une visite à Ndjamena aux forces françaises sur place et au président Idriss Deby, visiblement en forme.

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