Chronique : John Edwards et le visage de l’Amérique

Le démocrate John Edwards a la gueule de l’emploi : blanc, la raie sur le côté et un sourire Colgate. Une vraie tête de vainqueur. Malheureusement, en 2008, ce modèle est révolu. Les électeurs – et les
médias – veulent du changement, visible qui plus est. Hillary Clinton et
Barrack Obama n’ont pas à le démontrer par des idées, leurs visages suffisent. Première douleur, mais aussi premier bon-point pour John
Edwards : il doit se démarquer par ses idées. Et il le fait. Alors que Clinton et Obama peinent à se positionner au centre de l’échiquier politique, déséquilibrés qu’ils sont par un vent libéral droitisant, Edwards affiche résolument son orientation de centre gauche. La « gauche », ce terme barbare que le système politique américain n’a pas encore intégré. Fils d’un syndicaliste ouvrier, juriste reconnu pour ses combats dans la
défense de victimes d’erreurs médicales ou de grands groupes industriels, John Edwards pourfend « l’avidité du milieu des affaires » et « les deux Amériques », celle des riches et celle des pauvres. L’homme traîne tout de même quelques casseroles derrière lui. Son vote en faveur de la guerre en Irak – même s’il s’est repenti depuis – n’a pas été oublié, de même que l’ « l’abandon », selon certains, de sa femme malade du cancer pour mener sa campagne. John Edwards ne sera pas le candidat démocrate aux élections présidentielles, mais il pourrait négocier chèrement la longue liste de délégués acquis à sa cause, et ce, sans attendre la Convention démocrate de Denver, fin août. Dès le 5 février, à l’issue du « Super Tuesday » – vote de 22 Etats américains le même jour – l’un ou
l’autre des deux principaux candidats devrait prendre une solide avance
sur la victoire. John Edwards pourra alors ravir au malheureux, ou à la
malheureuse, une entente pour un poste de vice-président. C’est d’ailleurs ce qu’il avait fait en mars 2004 en se rangeant derrière John Kerry. Le poste de vice-président n’est pas une sinécure et offre même une influence capitale dans l’administration, pour preuve la relation un-cerveau-pour-deux entre Dick Chesney et George Bush. À Obama, le peuple ; à Clinton le parti Un peu à la manière d’Al Gore en 2000 qui malgré la majorité des voix
de la population n’a pas remporté celle des Grands électeurs, Barrack
Obama pourrait être désavantagé face aux réseaux d’Hillary Clinton au sein du parti. Rappelons que ce sont les délégués qui ont le dernier mot et certains ne sont pas tenus de respecter les orientations de leurs
électeurs. C’est ça le visage de la démocratie à l’américaine. (Cet chronique a été écrite avant que John Edwards se retire de la course à l’investiture démocrate.) Nombre de délégués – sur un total final de 4049 – remportés par les
candidats démocrates (au 5 février 2008) : Hillary CLINTON : 232
Barrack OBAMA : 158
John EDWARDS : 62
Source : CNN Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).

Chronique : John Edwards et le visage de l’Amérique
En savoir plus =>  Borat : leçons culturelles sur l’Amérique
Retour en haut