Chronique : Sur fond de censure, la Chine célèbre sa Journée des journalistes

La Chine consacre une journée à ses journalistes depuis maintenant sept ans. Pourtant, depuis que Reporters sans frontière (RSF) fait le classement mondial de la liberté de la presse (2002), l’Empire du Milieu figure année après année dans les derniers rangs. C’est à travers la censure, les menaces et les mises à pied que les journalistes chinois doivent faire leur travail. Selon les derniers chiffres de RSF sur la Chine, au moins 33 professionnels des médias sont actuellement détenus, un journaliste a été tué et plusieurs dizaines ont été agressés depuis le début de l’année. Une cinquantaine de « cyberdissidents » seraient également derrière les barreaux. Hier, RSF rapportait qu’avant le congrès du Parti communiste chinois tenu en octobre, le Département de la propagande a envoyé un guide de conduite aux médias chinois explicitant la manière de traiter l’information lorsqu’une note est envoyée par le Parti. Le « glossaire » explique, par exemple, que si une note indique de « ne pas envoyer de reporter », les médias peuvent uniquement publier « l’article standard » de l’agence officielle Xinhua (Chine nouvelle, à la solde du Parti communiste). D’autres notes s’expliquent par elles-mêmes, dont l’« interdiction de reportage » et l’« interdiction de critiquer ». « Lorsqu’ils reçoivent les communiqués de Xinhua, les médias obtiennent un second document dans lequel on explique de quoi on peut parler, et surtout de quoi on ne doit pas traiter », explique Carmen, jeune Chinoise ayant fait des études en journalisme. Elle ajoute : « Pendant mes cours, on passait environ la moitié du temps à apprendre comment écrire un bon article. Le reste des cours étaient consacrés à quoi dire et ne pas dire, principalement sur le plan politique. » Une seule voix Le contrôle de l’information s’est resserré en Chine depuis le printemps 2005, et davantage au cours des semaines précédant le congrès du Parti le mois dernier. Selon Human Rights Watch, « avant le 17e congrès, la répression du gouvernement chinois [a atteint] son paroxysme après des mois de campagne pour réduire au silence la dissidence ». Ironiquement, en 2000, le Conseil des Affaires d’État chinois créait la Journée des journalistes. Cette année, l’agence Xinhua annonce la Journée du journaliste. Le Département de la propagande serait-il devenu le seul journaliste chinois ?

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