Chronique : Universités françaises : Et si Ségolène était républicaine…

Alors que pour le plus grand désarroi de ses militants, la Gauche des partis est absente du mouvement social qui souffle et s’essouffle actuellement sur la France, Ségolène Royal a tenu à s’exprimer cette semaine pour… ne rien dire. Ou plutôt démontrer, ou apprendre (pour ceux qui ne le savaient pas encore), que si elle avait été élue, la différence entre la politique du Président de la république actuel, Nicolas Sarkozy, et la sienne n’aurait pas relevé du fond, mais de la forme. En effet, l’ex-candidate PS à l’élection présidentielle estime qu’« on ne réforme pas la France dans la brutalité et l’arrogance ». Tout est donc une question de méthode. Et c’est sur cette lancée que la Présidente de la région Poitou-Charentes a demandé de « ne pas gâcher cette bonne réforme » qu’est l’autonomie des universités sans oublier de préciser qu’elle a « toujours dit que pour lutter contre l’échec universitaire […] il fallait plus d’autonomie et plus de moyens aux universités pour accompagner plus efficacement les étudiants ». L’autonomie, c’est-à-dire une certaine rupture avec l’État, est donc une évidence pour celle qui avait su, au cours de sa campagne présidentielle, renouer avec l’héritage républicain pour le plus grand bonheur de Jean-Pierre Chevènement (aujourd’hui oublié) et le plus grand malheur de Bernard-Henri Lévy (qui se rêve aujourd’hui en « plume » de la future présidente ( ?)) affolé par l’idée que les Français aient le devoir d’agiter le drapeau tricolore (symbole de la prise de la royauté par le Peuple) à leur fenêtre. Hier républicaine sur certains points, aujourd’hui Ségolène Royal se fait l’avocate d’une « réforme » qui comporte en elle l’idée que la société n’est pas la réponse à elle-même. C’est-à-dire que pour survivre, il faut compter sur autre chose que soi. Que l’avenir de la société n’est pas la solidarité entre les individus. Ainsi, tout ne peut être totalement public. C’est l’adieu à la chose publique (en latin res publica) et le retour au système aristocratique. Il faut -comme le disent très justement les syndicats pour la plus grosse colère ou la plus grande moquerie du Peuple actuel- « privatiser » les facs. Le terme n’est pas réservé aux nostalgiques du bloc de l’Est totalitaire que s’invente la presse la plus à Droite pour se rassurer. Il résulte de la LRU, qui fait entrer le privé dans le financement du public. LRU : nom de la loi de la ministre de l’enseignement supérieur français, Valérie Pécresse, votée en juillet dernier et qui est aujourd’hui la cause de la forte perturbation que subisse la moitié des établissements universitaires. Sans compter les lycées, les IUT et certains IEP qui s’ajoutent désormais à la mobilisation contestataire. Ceux-ci sont rares. Mais c’est très récent. Si Ségolène Royal avait été la républicaine qu’elle avait essayé de paraître pendant la dernière présidentielle, aujourd’hui elle demanderait à l’État d’assumer son rôle : celui de former les citoyens. Cela passe par l’obligation pour l’enfant d’être scolarisé jusqu’à sa majorité et le devoir pour l’État d’assurer au citoyen un enseignement toujours gratuit. L’université est le lieu public -la chose publique- où la société peut jouir du droit d’étudier. Une université incapable (en ce sens, qui se refuse) d’accueillir la société toute entière n’est plus dans son rôle : c’est une écurie où règne la compétition et non un endroit où la richesse du savoir est partagée. C’est d’ailleurs l’un des principes de la LRU : la concurrence entre établissements. Motifs : l’enseignement supérieur français est bien loin d’être le mieux placé dans les différents classements internationaux. Ceux qui ont pensé cette loi ont toutefois oublié deux points capitaux :
 1/ Ces classements omettent de souligner que le taux d’échecs fort n’empêche pas une réussite.
 2/ Il vaut toujours mieux se perdre dans le parcours de l’enseignement supérieur que de « tenir les murs » comme disent ceux qui passent leur temps à traîner dans les rues des cités sensibles. Pour parler comme Victor Hugo : « Quand on ouvre une école, on ferme une prison ». L’abrogation de la LRU et la suppression des frais d’inscription à tout enseignement est le devoir de tout État républicain qui se respecte. L’enseignement -supérieur comme secondaire- n’a pas à être autonome : il est républicain ou il est propagandiste. Loin de moi l’idée de critiquer votre position sur Ségolène Royal, on ne va pas vous critiquer uniquement parce que vous êtes dans le « sens du vent ». J’aimerai simplement rappeler une évidence : un-e républicain-e ne se reconnaît pas uniquement dans la défense aveugle de l’Etat et cette croyance stupide que l’Etat républicain défend toujours l’intérêt public… Les gouvernements de droite et de gauche qui se sont récemment succédé ont tous réussi à faire croire la main sur le coeur (à gauche… ?) que leur seul souci était la pérennité de l’Etat au service de ses concitoyen-ne-s… Alors que dans la perception des gens, ce sont les privilégié-e-s de droite (rentiers, entrepreneurs et propriétaires…) et ceux de gauche (fonctionnariat d’Etat et aristocratie syndicaliste ouvrière, également propriétaires…) qui se disputent une superstructure au détriment de celles et ceux qui triment ou qui sont éloigné-e-s
de l’activité salariée sous peine d’être transformé-e-s en « esclaves modernes »… On peut être républicain-e et démocrate sincère, et vouloir dans le même temps desserrer l’étau contraignant qu’impose l’Etat à ses concitoyen-ne-s ainsi qu’aux ressortissant-e-s étranger-e-s qui ont fait l’erreur de croire en les valeurs d’hospitalité et d’ouverture dont le peuple français a toujours su faire preuve. Simplement, entre la volonté de taper sur « Sarko le réac’ » et la critique facile sur « Ségo la potiche », on ne comprend pas très bien où les meneurs auto-proclamés de la contestation ont l’intention d’aller… Et si vous comptez encore sur l’Etat républicain, n’ayez crainte : Sarko est toujours là pour vous envoyer ses flics afin de protéger vos intérêts et ceux du système… En clair, un peu de cohérence, que diable…

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