Défense à fric

Annoncé en février 2007 par George W. Bush, l’AFRICOM vient s’ajouter aux cinq autres commandements régionaux du Département de la défense américain tels que l’européen (EUCOM), le Pacifique (PACOM) ou celui du Moyen-Orient et de l’Asie-centrale (CENTCOM). La version africaine agira dans 52 des 53 pays du continent. Seule l’Égypte n’en fera pas partie, sa sphère de relations rendant plus judicieuse sa présence dans le CENTCOM. Avec l’AFRICOM, Washington opère une union de ses commandements sur le continent, autrefois répartis entre les trois précédemment cités. Pour le porte-parole de l’AFRICOM, Ryan Henry, qui reprend les propos du secrétaire d’État à la défense, Robert Gates, l’ancien dispositif était « désuet, datant de l’époque de la guerre froide ». L’objectif était alors de lutter contre l’émancipation du communisme. Selon Brian Lai, professeur de sciences politiques à l’Université de l’Iowa, la raison principale de la présence américaine en Afrique aujourd’hui est la dissuasion de l’installation de foyers terroristes. « Washington ne cherche pas à dominer les marchés africains », pense-t-il. Il s’agirait plus de remédier à « la négligence historique des États-Unis quant à l’Afrique ». Une autre des raisons évoquées par les observateurs réside dans la surcharge engendrée par les guerres d’Irak et d’Afghanistan pour le CENTCOM.  Consulter pour ne pas inquiéter Lauren Ploch, analyste des affaires africaines au Service de recherche du
Congrès américain, explique que « certains Africains s’inquiètent de
cette restructuration, pensant que cela signifie une volonté néocolonialiste de dominer militairement la région ». Quant à J. Peter Pham, journaliste pour la World Defense Review, il prévoit de lourdes conséquences : « l’AFRICOM va nécessairement obliger un changement radical dans les doctrines et les conventions, non seulement à l’intérieur des différentes branches des forces armées, mais aussi entre les agences gouvernementales. » Pour répondre aux inquiétudes de la communauté internationale, le porteparole de l’AFRICOM confirme que plusieurs pays européens, dont la France – très présente en Afrique – ont été consultés au sujet du rôle de ce nouveau commandement. Il explique avoir « le désir d’entendre (leurs) avis ». Mme Ploch évoque, par ailleurs, l’attention grandissante qu’accordent les analystes américains à la présence, elle aussi grandissante, de la Chine sur le continent africain. Cela s’est par exemple exprimé dans l’annonce, faite au début d’octobre par le général William E. Ward, commandant de l’AFRICOM, d’harmoniser les efforts de « ceux qui exercent des activités sur le continent, incluant les Chinois, lorsqu’ils ont les meilleures intentions envers les Africains ». L’effort de coordonner plusieurs acteurs est visible. Pour Jack Kalpakian, professeur en études internationales à l’Université d’Al-Akhaway, au Maroc, la situation est claire : « si l’AFRICOM contribue à asseoir les affaires chinoises en Afrique, Pékin ne s’y opposera pas ». Tout comme la Chine, les États-Unis lorgnent le pétrole africain pour réduire leur dépendance aux pays du golfe Persique. Un autre golfe, de Guinée celui-là, pourrait fournir davantage d’hydrocarbures à Washington. L’ancien chef d’état major de l’EUCOM, James Jones, l’a confirmé en 2006 dans un discours au Congrès américain : « des explorations effectuées dans la région du golfe de Guinée laissent envisager la présence de réserves qui pourraient représenter de 25 % à 35 % des importations américaines dans les dix prochaines années. » TIRER DES LEÇONS DU PASSÉ La présence de l’armée américaine en Afrique comporte des épisodes douloureux, dont l’opération Restore Hope de 1993, en Somalie, où plusieurs journalistes et soldats furent lynchés à mort par la foule. Le développement de l’islamisme radical dans cette région de la corne de l’Afrique explique certainement la présence actuelle de la majeure
partie des installations militaires américaines à Djibouti. Theresa Whelan, assistante adjointe du secrétaire à la défense aux affaires africaines, résume la nouvelle mentalité américaine : « On voudrait se servir des leçons apprises durant les 15 dernières années en Afrique, dans les Balkans, en Afghanistan et en Irak en ce qui concerne le besoin de travailler plus auprès d’autres agences gouvernementales américaines. » Le travail de concert avec les non-américaines, comme l’ONU, ne ferait donc pas partie des leçons tirées par Washington. Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).

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