Entrevue exclusive avec Makaila Nguebla, chef rebelle tchadien en exil au Sénégal

Pourquoi avez vous quitté votre pays ? Idriss Deby (l’actuel président tchadien), en venant au pouvoir, avait promis ciel et terre au peuple tchadien, mais le problème est qu’on s’est vite rendu compte que ce n’était que des leurres. Deby fustigeait le pouvoir d’Hissene Habré (l’ancien président tchadien), qu’il accusait de dictature et de faire du clanisme. Au fil du temps, on s’est rendu compte qu’Idriss Deby faisait pareil que Hissene Habré, ou même pire. Il y a toujours de l’injustice, des pratiques arbitraires, la dictature, et c’est ça qui fait qu’on a décidé de nous opposer à ce régime. Notre opposition avait commencé au Lycée, on descendait dans la rue pour contester, on faisait tout le temps la grève en étant étudiants. Et c’est ce qui a motivé mon départ pour la Tunisie, où j’ai poursuivi mon combat médiatique. J’écrivais des articles, je dénonçais le pouvoir au niveau des médias internationaux, et tout ça a fait que je n’ai pas pu rester très longtemps en Tunisie. Maintenant je suis à Dakar, et je remercie le Sénégal, car c’est un pays où la liberté d’expression est totale, et je ne me sens pas inquiété pour la suite de mon combat. Actuellement, à quel mouvement rebelle êtes vous affilié, si on sait que vous n’êtes plus membre de l’UFDD, qui est le principal mouvement d’opposition au Darfour ? Au début j’étais au RND (Rassemblement National pour la Démocratie) du Colonel Adouma Hassaballah et on a par la suite fusionné avec la plus grosse fraction rebelle à l’Est du Tchad, l’UFDD du général Mahamat Nouri. Après le décès de Brahim Deby en France, le fils du président Idriss Deby, l’Agence de presse Reuters m’avait appelé pour me demander mon avis sur cette événement, et j’ai dit que s’il y a une révolte générale dans le pays, c’est à cause de lui. Il est à l’origine de la révolte contre le pouvoir de son père. Mais cette déclaration n’a pas plu à la direction politique de l’UFDD qui a dit que cette déclaration n’engageait que ma personne, alors que je faisais partie intégrante de l’UFDD. Donc depuis j’ai quitté ce mouvement et maintenant je fais partie de l’Union Nationale des Forces Nationales Tchadiennes et Mouvements d’Opposition Armée qui est basée à l’Est du Tchad. Nous sommes très actifs et nous travaillons pour le changement politique et militaire au Tchad. Vu tout ces mouvements rebelles, dont le vôtre, on peut comprendre que la situation doit être assez tendue dans la région. Quelle est la situation qui prévaut actuellement ? La situation qui prévaut à l’Est du Tchad est liée à la crise du Darfour. Les deux sont indissociables : il y a le conflit interne tchadien et il y a aussi la crise du Darfour. Les deux étant crées par Idriss Deby lui-même, ce qui a attiré l’attention de la communauté internationale. Celle-ci a été prise au dépourvu par les événements. La crise du Darfour a éclaté depuis 2002, et c’est seulement tout récemment que la communauté internationale est informée de ce qui se passe, cinq ans après l’éclatement du conflit. C’est un problème qui est propre au Soudan, c’est de l’avis même des historiens. Il y a aussi l’implication du Tchad, celle ci est liée à l’engagement du président Deby lui-même qui est à cheval entre le Tchad et le Soudan, étant donné qu’il fait partie de l’ethnie Zaghawa (groupe ethnique vivant au Tchad et au Soudan). Idriss Deby est le garant moral qui a soutenu et armé la rébellion du Darfour. Il a laissé actuellement une situation extrêmement grave qui fait qu’il est très difficile de trouver une solution au problème non seulement du Darfour, mais aussi au Tchad et même en Centrafrique. On comprend que la situation entre le gouvernement Deby et les factions rebelles soit des plus complexes, mais qu’en est-il exactement des populations civiles, et surtout des enfants ? La situation qui règne actuellement au Darfour peut être qualifiée d’incontrôlée. Les activités des ONG internationales sont rendues difficiles du fait de la présence des rebelles de part et d’autre de la frontière tchado-soudanaise. Ce qui fait que les enfants constituent aujourd’hui la couche la plus vulnérable à l’Est du Tchad. Dans les camps de refugiés, à l’Est, des enfants originaires du Darfour, notamment les Fors, les Zaghawa et les Massalites, ont été souvent recrutés par les rebelles soudanais depuis les camps pour combattre le pouvoir d’Omar El Béchir. Ce qui est une violation claire des Droits de l’Enfant. Si notre mouvement politico-militaire lutte aujourd’hui pour le changement, c’est pour rétablir l’ordre, c’est pour favoriser la sécurité et le bien être de ces couches vulnérables. Il n’y a pas d’enfants soldats dans le mouvement rebelle tchadien. Il y avait dans le régime au Tchad par le passé des enfants qui étaient recrutés et incorporés de force dans les unités de combat. Le mouvement rebelle a évolué et nous essayons de respecter le plus possible les textes internationaux sur les droits des enfants. Le Soudan est un pays hors la loi, les violations des droits de l’Homme sont monnaies courantes là-bas. Notre mouvement est conscient de la gravité que constitue l’enrôlement des enfants dans les unités, c’est pourquoi nous condamnons avec force ces agissements. Beaucoup sont ceux qui pensent que la France n’a pas une position neutre dans le conflit, qu’en est-il réellement ? Nous avons des preuves claires, tangibles et irréfutables pour accuser la France. Si la situation au Tchad a vraiment perduré, si le régime de Deby s’est enraciné trop longtemps, c’est parce que la France y a contribué en soutenant ce pouvoir illégitime. Deby est arrivé au pouvoir avec l’aide de la France, de la Lybie et du Soudan. Depuis 1990, il n’y a pas eu d’élections libres et transparentes au Tchad. Alors que dans tout le continent, la vague démocratique fait son chemin. La France a cautionné la dictature au Tchad. Elle est intervenue directement dans le conflit en avril dernier lorsque l’aviation française a bombardé les unités du FUC (Front Uni pour le Changement) lorsqu’ils ont atteint le port de Ndjamena. Ce qui montre un engagement direct de la France dans le conflit pour soutenir le régime d’Idriss Deby et le maintenir au pouvoir contre la volonté générale du peuple tchadien. Et nous condamnons fermement cette attitude de la France. Elle doit rester neutre ou tout simplement œuvrer pour le dialogue politique. Mais apparemment elle a déjà choisi son camp, celui d’Idriss Deby. La France qui se dit un pays des Droits de l’Homme, un pays démocratique, s’est alignée en faveur d’un régime dictatorial. Nous réitérons nos accusations à la France et aux médias français, qui refusent toujours d’en parler. Il faut que la France nous laisse opérer un changement ou qu’elle laisse la communauté internationale intervenir au Tchad. Avec l’échec des négociations de Tripoli, le président Deby qui se réarme, les mouvements rebelles qui deviennent de plus en plus radicaux, avec tout ça peut on espérer une issue rapide au conflit du Darfour ? À cette question je réponds que le conflit n’est pas prêt de s’éteindre de sitôt. Je rappelle que les négociations de Tripoli (tenues au mois d’aout passé) entre l’opposition armée et le pouvoir de Deby, sous la médiation du colonel Kadhafi, ont réellement échoué. Je tiens à fournir l’information suivante au mÉdias internationaux : le pouvoir d’Idriss Deby s’est réarmée, il a acheté des armes chimiques dans l’intention de raser à jamais toute résistance armée contre son pouvoir. Donc vu cette situation, on peut dire que le conflit au Tchad est loin d’être terminé. Aujourd’hui Idriss Deby refuse toute opposition contre son pouvoir. Pour nous maintenant c’est une question de vie ou de mort, soit Idriss Deby accepte le dialogue politique et compose avec nous soit on continuera à lui faire la guerre. Du coté du Darfour aussi, il n’est pas évident que le conflit s’éteindra de sitôt. Le Soudan continue de contester la présence des troupes étrangères de l’ONU et de l’Union Européenne. En fait le régime d’Omar El Béchir (président soudanais) pense que ces troupes étrangères soutiennent les mouvements rebelles. Donc il est clair que la situation est grave et qu’une réaction rapide de la communauté internationale doit se faire. Sinon le conflit peut virer à une situation pareille qu’en Somalie. Il faut que la communauté internationale force chaque partie prenante dans le conflit à accepter les solutions de sortie de crise pour qu’il y ait des avancées, sinon le pire reste à venir. Tout récemment le secrétaire général des Nations Unies a fait une visite au Darfour, pensez vous que ceci à pu améliorer la situation ? À propos de cette visite, je pense qu’elle devrait servir comme une étape vers la résolution du conflit sous régional. Mais, ni Idriss Deby moins encore Oumar Hassane El-Bechir ne souhaite dialoguer clairement avec leurs oppositions respectives. Ce qui risque bien de compromettre la chance de succès de la mobilisation internationale. Il faut que l’ONU fasse pression à la fois sur les deux chefs d’Etat, dont les régimes sont pseudo démocratiques. Je suis étonné des questions précises posées à Makaila. Tout porte à croire que c’est une auto-interview ! C’est dommage que Makaila oublie la misère noire du peuple tchadien victime non seulement de l’implication française mais aussi libyenne. Outre le conflit militaire, qu’est ce qui reste de l’enseignement, de la santé, du coût de la vie et de la morale ? La liberté est aussi une question d’éducation. J’avoue que je suis tres etonne de voir des gens parle d’auto interview, le journaliste qui l a fait travaille (comme il l’ a ecrit dans sa description) dans le domaine des Droits Humains, donc il n est pas surprenant qu il puisse en savoir un peu sur la situation au Darfour, a moins qu il soit un faux. Aussi en preparant son entrevue il a du forcement fouiller un peu avant , ca c est le minimum pour qui comprend un peu le metier. Donc je pense que mieux vaut arreter les attaques ad hominem et discuter du fond de l’article. un confrere . Tout d’abord je félicite Elhadji Mor Ndiouga Diop, pour la réalisation de cette entrevue avec le fervent opposant Makaila Ngébla sur la situation politique très chaotique du Tchad. Makaila a très bien décris la situation difficile que vie les Tchadiens depuis plusieurs décennies. Toutefois, je suis vraiment scandalisé lire des réactions surannées de certains Tchadiens qui à mon avis ont une vision très limité des choses. Makaila a le droit de réagir sur la situation et la vie politique du Tchad. Il est critiqué, stigmatisé parce qu’il est n’est pas d’origine Zagawa ou Gouran, il n’y a pas que ces ethnies au Tchad. Il est clairement stipulé dans l’article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, que tous les être humains naissent libres et égaux en droits et en dignité. Sous ce rapport j’encourage les personnes œuvrent pour l’unité, la démocratie, le respect des libertés fondamentales et l’Etat de droit au Tchad. Toutefois, il faut dénoncer les individus qui prônent l’ethnocentrisme et la zizanie au Tchad et partout en Afrique et dans la monde. Djibril Baldé
Jeune activiste des Droits de l’Homme
Dakar-Sénégal Réaction inhérente à l’interview accordée à Makaila Nguebla, exilé politique Tchadien basé à Dakar, La haine, la marginalisation et la considération ethnique, tribale, communautaire qui ont contribué à la fissure en Afrique sont révolues. Le Tchad a connu depuis de dizaine d’années un tableau sombre compte tenu de la zizanie, de la dominance ethnique qui a gangrené sa population. La diaspora est déterminée et vouloir un changement radical du système qui a semé tant de dictature, de détournement de deniers publics, de vision égocentrique et dominée par l’intérêt personnel que général. Aujourd’hui dans cette classe révolutionnaire, les uns émergent, sillonnent, agissent en toute ténacité et détermination, les autres qui se sentent dépourvus des idées créatives, innovatrices, subjectivement fondées sur la croissance économique générale et le changement de la mentalité commune, se cachent dernière les pailles et jettent des mots dédains, honteux, recalés, inadmissibles à cette ère de brassage communautaire. Chers internautes, juste pour vous inviter à apprécier ce qui est objectif et à apprendre dénoncer et à critiquer ce qui nie et constitue un blocage au changement radical en Afrique. Le continent est fait des cerveaux qui se trouvent à la merci des autres nations, des cadres qui se révoltent, qui boxent objectivement pour un changement durable et irréversible, des jeunes qui aspirent à la créativité et à l’innovation. Si parmi tout ce bloc, quelques uns d’entre vous prennent l’initiative de dénoncer, d’intervenir publiquement devant la scène médiatique, alors un appel à la retenue et l’encouragement doit nécessairement être constaté contrairement aux commentaires honteux et fondés sur le tribalisme qui continue à parvenir sur le site des étudiants basés au Canada. En conséquent, le jeune Makaila Nguebla, qui s’est affiché publiquement et a accepté une interview bien huilée à l’agence de presse mondiale des étudiants établie au Canada, a fait l’objet d’une abnégation ethnique voire tribale. Ce débat est loin s’en faut et doit être banni de l’esprit de la génération concrète du Tchad. Ce qui nécessite un cadrage et un raisonnement d’ensemble et non le contraire. Tous les étudiants Africains basés au Canada soutiennent une telle franchise et saluent l’initiative de Makaila Nguebla. Par Erick KOUAKOU
Membre de l’Amicale des Etudiants Africains de Canada

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