Kosovo : indépendance et conséquences

Le Kosovo représente une terre vénérable et chérie pour les Serbes, qui le considèrent comme le berceau de leur nation. Ni le peuple, ni le gouvernement ne sont prêts à accepter la perte de ce territoire sacré. C’est le lieu d’une bataille mythique, où une coalition de seigneurs serbes fut défaite par l’Empire ottoman en 1389. Les historiens considèrent cette bataille comme la première grande expression de la nation serbe. Aujourd’hui, les Serbes ne veulent pas que les Albanais, qui représentent plus de 90 % de la population du Kosovo, décident sans leur accord de l’avenir d’un territoire si important pour leur identité nationale. Même si la souveraineté de la Serbie sur le Kosovo est en théorie reconnue par la communauté internationale, en pratique, le territoire est administré depuis 1999 par la mission intérimaire de l’ONU au Kosovo, la MUNIK, et par des institutions provisoires de gouvernement autonome. Cette tutelle internationale est la conséquence du conflit armé de 1999, qui a fait près de 10 000 morts en plus de déplacer des dizaines de milliers de personnes. Les forces militaires et policières serbes ont été expulsées du Kosovo par l’OTAN et remplacées, en 1999, par la KFOR,
une force multinationale menée par l’OTAN pour maintenir la paix dans le territoire. Le président serbe, Boris Tadic, a annoncé aux médias, en septembre dernier que la Serbie était prête à offrir au Kosovo, « la plus grande autonomie du monde ». Les deux parties sont depuis plusieurs années dans une impasse. Les efforts diplomatiques des États-Unis, de l’Union européenne et des Nations unies pour résoudre la crise ont tous échoué. Les dirigeants kosovars ne cessent de répéter que, si une entente ne peut être conclue avec la Serbie, ils proclameront unilatéralement l’indépendance. Les dirigeants du Kosovo avertissent régulièrement de l’imminence de cette déclaration. Le cas le plus récent est l’annonce, par le nouveau premier ministre du Kosovo, Hashim Thaci, après son élection par le parlement kosovar, que « [leur] but est de rendre le Kosovo indépendant dans la première partie de l’année ». Les États-Unis encouragent l’indépendance du Kosovo mais la Serbie est défendue par la Russie – qui possède un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies –, ce qui incite fortement à une résolution négociée et acceptable par les deux parties. L’impatience des Kosovars commence à se manifester par des attaques violentes contre la MUNIK, ceux-là mêmes qui sont venus les aider. Des groupes paramilitaires s’organisent chez les Kosovars et les Serbes du Kosovo. Le danger est que la situation se radicalise et que les tensions mènent à un retour de la violence dans le pays. Conséquences régionales La grande inquiétude qui plane sur la région est l’attitude indépendantiste de la majorité des Kosovars qui se propage à travers la mosaïque des Balkans, engendrant un conflit à travers la région. La Bosnie-Herzégovine serait incontestablement la plus affectée. La Bosnie est un casse-tête maintenu en place par la communauté internationale ; une force paramilitaire internationale aide à maintenir la paix et les décisions de l’Office du Haut-représentant tentent de maintenir la stabilité politique. La Bosnie est partagée en trois peuples – Serbes, Bosniaques et Croates – et est divisée en deux entités politiques, la Republika Srpska (Serbes) et la Fédération croato-mulsumane. Plusieurs politiciens serbes de Bosnie ont averti qu’une indépendance unilatérale du Kosovo aurait des conséquences négatives pour la Bosnie-Herzégovine, notamment en poussant les Serbes de Bosnie à vouloir se séparer. Selon le premier ministre de la Republika Srpska, Milorad Dodik, l’indépendance unilatérale du Kosovo causerait « des décennies de tensions » si la communauté internationale acceptait le droit à l’auto-détermination des Kosovars. Il pense que ce droit devrait alors être accordé aux Serbes de Bosnie. Le désir de ces derniers pourrait être l’union avec la Serbie, ce qui pousserait, sans doute, les Croates de Bosnie à vouloir s’unir à la Croatie. Ce serait le démantèlement du pays, après tant d’efforts de la communauté internationale pour le maintenir stable, sécuritaire et uni. Le mouvement séparatiste pourrait aussi se propager à l’ancienne république yougoslave de Macédoine. La Macédoine, tout comme la Serbie, a une minorité albanaise qui a pris les armes pour se séparer. Ce fut la dernière guerre des Balkans, en 2001 qui, comme les autres, a pris fin avec une intervention internationale. Néanmoins, le pays est depuis relativement stable. Cette stabilité politique est soutenue, selon le Dr Dejan Guzina, un expert des politiques des Balkans de l’Université Wilfrid Laurier à Waterloo, par le fait que la Macédoine est dans une situation différente par rapport à ses voisins, car tous les acteurs internationaux sont du même côté pour éviter le démantèlement du pays. Mais des rapports de services secrets font état de l’existence de groupes paramilitaires albanais en Macédoine. Un nouveau conflit dans les Balkans, impliquant surtout des Albanais au Kosovo, pourrait attiser la volonté autonomiste des Albanais en Macédoine. Malgré les efforts investis par la communauté internationale pour stabiliser la région et éviter les conflits armés, les Balkans sont encore fort instables. Un conflit armé au Kosovo et une diffusion du conflit à travers la région est le pire scénario ; mais dans une région reconnue pour ses conflits ethniques, le danger doit être perçu par la communauté internationale comme étant bien réel. L’année 2008 pourrait être l’année de l’apparition d’un nouveau pays, mais aussi être l’année de la résurgence de vieux conflits. Image : decafinata, FLickR.com Permettez-moi de corriger 2 phrases : C’est le lieu d’une bataille mythique, où une coalition de seigneurs serbes fut défaite par l’Empire ottoman en 1389.  >coalition de seigneurs balkaniques dirigée par un Prince Serbe Les historiens considèrent cette bataille comme la première grande expression de la nation serbe.  >Les historiens nationalistes serbes. Les autres considèrent que 1389 ne constitue pas la date la plus importante pour le royaume féodal serbe. C’est une bataille ultérieure qui a marqué la fin de l’indépendance serbe par rapport aux Ottomans Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).

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