La liberté de presse : une réalité au Bénin

Depuis les années 88-89, avec les débuts de la démocratie, les médias béninois sont restés parmi les plus libres du continent. Avec l’arrivée au pouvoir d’un régime démocratiquement élu, les mesures d’obtention de la licence pour exercer le metier ont été allégées. Ce qui, quelques années plus tard, ne manquera pas d’agir sur la qualité de l’information. En effet, on note aujourd’hui une augmentation du nombre d’organes de presse, de groupes de presse, etc. Au niveau de la presse écrite, on compte plus d’une trentaine de journaux. Au niveau de la radiodiffusion, on a plus d’une vingtaine de chaînes disséminées partout dans le pays. Et enfin, quelques six chaînes de télévisions se disputent le monopole. DES MÉDIAS À GOGO Dans la presse écrite on dénombre à Cotonou plus d’une dizaine de journaux qui sont régulièrement dans les kiosques. Parmi eux on a : Fraternité, Le Matinal, Le Matin, La Nation, Le Progrès, L’Indépendant, Les Echos du jour, Le Béninois, Panorama, L’Aurore. Au total, sur tout le territoire, on note plus d’une trentaine de journaux. En effet le rythme de croissance du nombre de journaux est exponentiel. C’est le secteur le plus dynamique de tous les médias. Pour la radiodiffusion, il y a un nombre non négligeable d’organes. En effet, on remarque la présence de plus d’une vingtaine de radios. Ce nombre regroupe les radios communautaires, nationales, publiques et privées. Il y a : Océan Fm, Ado Fm, Atlantic Fm, Radio star, La Radio Nationale, Capp Fm, Radio Immaculée Conception, radio Maranatha, Radio Tokpa, Golf Fm, Radio Wêkê, etc. La radio constitue le médium le plus populaire du fait de sa facilité d’accès. Cet état de choses s’explique par la proximité de la radio avec les populations et son moindre coût. La télévision, quant à elle, est aussi libéralisée comme les autres médias. On en compte au total six : Ortb, Canal 3, Golfe TV, LC2, LC2 internationale, TV Carrefour, Ado TV (en construction). Parmi ces chaînes, seule l’Ortb est la propriété de l’État. LES AVANTAGES D’UNE TELLE LIBÉRALISATION Après ce tour d’horizon des médias au Bénin, on note des avantages qui découlent directement de cette libéralisation :
 La diversité des opinions ;
 informations plus libres ;
 plus de choix pour les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs ;
 une place de choix pour le Bénin sur le classement mondial en matière de libéralisation de la presse. En effet, selon Reporter Sans Frontière (RSF), le Bénin est le premier pays d’Afrique en matière de respect de la liberté de presse et de la liberté d’expression. Il n’y a presque pas de journalistes emprisonnés, ni de groupes de presse sanctionnés ou interdits de diffusion. Les journalistes peuvent écrire tout ce qu’ils veulent. Selon un journaliste, l’ancien président a dit un jour aux médias « Vous pouvez écrire tout ce que vous voulez si cela peut vous aider à vivre normalement ». Après une telle autorisation, on comprend la liberté et la force avec lesquelles les journalistes rédigent leurs articles. LES PROBLÈMES Si cette liberté ou cette libéralisation deviennent excessives, la qualité de l’information peut en souffrir énormement. Nombreux sont les Béninois qui pensent aujourd’hui que la libéralisation est trop poussée. En effet, les modalités de création d’une maison de presse sont très accessibles. Par exemple, dans le cas de la presse écrite, une seule chose est demandée : l’autorisation du ministère de l’intérieur et la présentation du personnel dirigeant. Cela explique le nombre sans cesse croissant de journaux présents dans les kiosques à Cotonou. Aujourd’hui, tout le monde peut ouvrir un organe de presse même ceux qui ne sont pas professionnels. Si l’on observe bien, les principales maisons de presse appartiennent à des hommes d’affaires qui s’activent dans des secteurs autres que le journalisme. On remarque aussi que nombreux sont les journaux, radios ou télévisions qui sont la propriété des hommes politiques. Ce dernier point fait que certains médias béninois manquent de crédibilité auprès de la population. On leur reproche souvent de ne pas faire la différence entre exercer le journalisme et faire de la propagande politique pour le parti du patron. Ils deviennent en quelque sorte un appareil pour endoctriner la population. Et ces genres de journaux constituent une bonne partie de l’univers médiatique du Bénin. On peut dire quelque 80% des journaux. En deuxième lieu, on peut noter aussi que les journalistes au Bénin ne sont pas pour la plupart formés dans des écoles de journalisme. Ils sont formés, comme on dit, « sur le tas ». C’est-à-dire qu’ils quittent l’université et intègrent directement les rédactions. Et même la base universitaire peut parfois être un critère secondaire. Cependant il faut noter que ces journalistes formés « sur le tas » peuvent faire preuve d’une grande habileté, autant dans la rédaction que dans les reportages. En fait, le gros du problème reste qu’il n’y a pas d’écoles spécialisées en journalisme au Bénin. Les rares diplômés sont formés à l’étranger : au Niger, en Côte d’Ivoire, au Sénégal. Cette situation constitue un handicap majeur pour le professionnalisme de cette presse libre. Parmi les problèmes, on note aussi le manque de moyens. Par exemple les micro-ordinateurs disposant d’Internet représentent des trésors pour les rares maisons de presse qui en possèdent. Quelquefois, le matériel de base fait défaut : appareil numérique, scanner, enregistreurs, etc. Sans le nécessaire pour le travail, il est difficile pour les journalistes d’exercer leur fonction comme il se doit. UNE LÉGÈRE COMPARAISON Comparé à un pays comme le Sénégal, la presse béninoise est en avance en matière de respect de la liberté de presse et d’expression. La différence est qu’au Sénégal, l’État contrôle l’information qui passe et n’hésite aucunement à sanctionner. Par exemple, il n’est pas rare de voir un journaliste traduit en justice par un ministre ou un homme d’État qui l’accuse de diffamation ou autre délit. Ce qui a pour effet de créer une certaine crainte chez les journalistes quand il s’agit du traitement d’information à caractère sensible. Mais pris sur le plan des moyens et du professionnalisme, on peut dire que les médias sénégalais sont en général mieux fournis. Avec l’avènement de la démocratie dans les années 90, la presse béninoise a connu une nouvelle ère de son histoire. L’apparition de nombreux organes de presse, la liberté dont jouissent les journalistes, et la facilité d’accès aux différents organes font aujourd’hui du Bénin un modèle en matière de libéralisation des médias. Cependant, cette libéralisation n’est pas sans inconvénient, si, l’on analyse les divers problèmes qui en découlent. De nouvelles lois sont en étude pour mieux réglementer le secteur, les journalistes sont de plus en plus formés et on espère arriver un jour au stade des « journalistes formateurs, informateurs et « distracteurs » », comme l’a dit un directeur de publication de la place. Par ailleurs, il reste uniquement à espérer que le nouveau régime du Dr Yayi Boni, continuera à préserver les acquis actuels déjà si utiles pour cette presse qui, avec raison, se veut d’être un des leaders dans la sous région.

La liberté de presse : une réalité au Bénin
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