Vancouver 2010 : Les Olympiques frapperaient les plus pauvres

Eby représente une quarantaine de résidents du secteur Downtown Eastside de Vancouver, le quartier le plus pauvre du Canada. « Ici, le trois quarts des logements abordables sont infestés de punaises de lit et plus de la moitié ont des coquerelles. Dans plusieurs cas, les toilettes ne fonctionnent pas », explique-t-il. Si ses clients, dont plusieurs risquent d’être évincés, s’accrochent à leur appartement à bas prix, c’est qu’ils sont de plus en plus rares. Le quartier situé à la limite du centre-ville est bourré de petits hôtels miteux. Les propriétaires louent des chambres aux plus démunis pour un minimum de 325 dollars canadiens par mois. D’après un rapport de Pivot Legal Society, près de 300 de ces chambres à prix modique ont disparu à cause de la fermeture d’hôtels et d’immeubles d’habitation depuis juin 2005. « Les propriétaires de ces chambres abordables laissent leurs édifices tomber en ruine parce qu’ils espèrent que la Ville les fermera », dénonce David Eby. « Ensuite, les logements pourront être reconstruits et loués à prix élevé. » Pour les organismes qui œuvrent dans le quartier, les Olympiques sont liés de près à la spéculation sur les terrains qui pousse les gens à la rue. Selon Peter Ladner, conseiller municipal de la Ville de Vancouver, le lien entre les Jeux et la hausse du nombre de sans-abris est moins clair. « C’est vraiment facile de blâmer les Olympiques pour tout ce qui va mal dans la ville. Mais nous ne savons pas vraiment. Je ne vois pas comment un événement sportif d’un mois peut être relié à une hausse du prix des logements », dit-il en ajoutant que le marché immobilier de Vancouver n’est pas très différent de celui ailleurs dans la province ou sur la côte pacifique. Cependant, M. Ladner admet que le nombre de sans-abris augmente rapidement. « La meilleure solution pour régler le problème est de construire plus de logements abordables. Mais d’autres solutions comme une hausse du montant d’argent alloué aux assistés sociaux et de meilleurs traitements pour les personnes ayant des problèmes mentaux peuvent aider. » Il ajoute que 250 habitations aménagées pour les Jeux seront converties en logements à prix modique après les compétitions. Le conseiller explique que lorsque qu’un promoteur veut transformer des logements abordables, il doit obtenir l’accord de la Ville. Si l’édifice change sa vocation, le propriétaire doit payer une compensation aux locataires. La Ville aide aussi les personnes évincées à se trouver une nouvelle chambre. D’après Pivot Legal Society, l’aide de la Ville n’améliore pas tellement la situation puisque le nombre de logements diminue, donc quelqu’un finira par se retrouver dans la rue. David Eby est déçu des efforts gouvernementaux. « Nous avions beaucoup d’espoir parce que les gouvernements ont signé un engagement afin que tous soient inclus dans les bénéfices des Olympiques. Les Jeux devaient laisser un héritage important pour le logement social… Mais à l’approche de l’événement, il devient clair qu’il n’y aura pas assez de logements sociaux construits pour s’assurer que les gens pourront rester chez eux. »

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