Babylone Québec

Qui sont les rastas du XXIe siècle ? Au Canada, selon un recensement de Statistiques Canada en 2001, le rastafarisme compte 1135 adeptes, dont 865 hommes et 270 femmes, pour la plupart âgés de 25 à 44 ans. Guy Ménard, professeur au département de sciences des religions de l’UQAM, pense que « le rastafarisme est plus cool que le christianisme » ce qui expliquerait sa popularité auprès des Nord-Américains. « Il est possible que cette religion soit plus proche de la sensibilité contemporaine des Occidentaux. Beaucoup vont y adhérer puisqu’ils trouvent qu’elle est moins dogmatique que la religion catholique, moins rigide et moins sévère, tout comme le bouddhisme. » La pensée rasta dépasse les frontières et se veut universelle. Ils sont noirs ou blancs, parfois médecins, musiciens ou avocats. Ces gens cultivés et entreprenants luttent pour l’égalité des hommes et l’intégration du mouvement rasta à la société. Ce mouvement propose
une philosophie afro-biblique de rue, qui combat le laisser-aller et le désespoir du peuple noir. Tous ceux qui rejettent les religions en place et qui refusent d’entrer dans le moule de la société bien pensante, appelée Babylone, sont invités à se joindre au rastafarisme. Les symboles rastas « Beaucoup de personnes ont porté les dreadlocks tout en commettant
des actes allant à l’encontre des préceptes du mouvement rasta, ce
qui a fortement nui à son image à travers l’histoire », déplore
Guillaume Martiré, un rasta blanc réunionnais qui vit à Laval. La sacralisation de la consommation de cannabis – appelé « ganja » – en tant que vecteur de communion avec le divin est aussi de moins en moins prise au sérieux. Selon Robert Roskind, auteur américain de Rasta Heart : A Journey Into One Love, « pour les vrais rastas, prendre soin de son corps, c’est veiller à ne pas être empoisonné par tout ce qui est lié au système capitaliste. Ils ne consomment ni alcool, ni tabac, ne tuent pas d’animaux et sont végétariens. » Pour lui, être rasta, « ce n’est pas une affaire de peau ou de cheveux, mais bien de coeur ». Discrimination des rastas En 2007, accepte-t-on mieux les rastas ? « Malgré la positivité de leur discours, ils sont encore trop souvent méprisés », estime Christian Lajoie, candidat du Parti vert du Québec aux dernières élections provinciales et lui-même rasta. Il prétend avoir déjà été victime de discrimination par la police pour « l’allure délinquante » de ses longs cheveux. Guillaume fait état de discrimination à l’emploi : « on est
souvent considérés comme sales et inapprochables, regrette-t-il. Je me
considère comme une personne normale, c’est Babylone qui me
marginalise », ajoute le rasta. « Le rastafarisme ne correspond pas à l’image traditionnelle qu’on se fait de la religion, précise M. Ménard. Leur consommation de cannabis suscite l’indignation chez certains. C’est probablement la mentalité occidentale qui est fermée. Les raëlliens, c’est le sexe ; les rastas, c’est la drogue. » Le chemin avant l’acceptation des rastas par Babylone est encore long. Les origines du mouvement Au départ, les premiers rastas étaient des Afro-Jamaïcains. Influencés par les autochtones, ils adoptent quelques-uns de leurs rites et de leurs règles. Quand l’esclavage est aboli en Jamaïque en 1834, 300 000 Afro-Jamaïcains sont jetés à la rue et tombent dans la misère. Sans toit ni nourriture, ils perdent leur histoire, leur famille et la plupart de leurs traditions. Malgré leurs blessures et l’humiliation, ils conservent une chose : le souvenir d’une Afrique légendaire où ils étaient libres, parfois riches. Cette pensée les aidera à se reconstruire une identité. Il faudra attendre la Première Guerre mondiale pour que l’espoir renaisse grâce au nationalisme noir véhiculé par Marcus Garvey. Bien avant Bob Marley, il lance « One God, One Aim, One Destiny » que le chanteur reprendra à la fin des années 1970 dans ses paroles « One love, one heart ». Lorsqu’en 1930, Tafari Makonnen, surnommé
Hailé Sélassié, est couronné empereur d’Éthiopie, les Afro-Jamaïcains y voient la concrétisation de la prophétie de Marcus Garvey. Ils jettent alors sur ce roi – « ras » – Tafari un regard plein d’espoir. Sélassié est considéré comme la réincarnation du Christ, le messie noir venu sur terre pour ramener les exilés en Éthiopie. On assiste alors à la
naissance d’une quasi religion : le rastafarisme. Salut !
Bel article, vous seriez surpris de voir qu’au cégep de St-Félicien, au Lac St-Jean ( !), beaucoup d’étudiant du milieu naturel ont des dreads ! (mais je ne sais pas combien parmis eux sont rasta réellement…) J’aimerai retracer ce Guillaume Martiré, est-il possible de lui donner mon nom et courriel, on a étudié à Laval ensemble…Je le croyais reparti sur son île depuis belle lurette !!
ou est-il possible d’avoir son adresse couriel. Merci ! jean-françois Canciani
joecanciani@hotmail.com Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).

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