Frontière Etats-Unis – Canada : Désunion américaine

L’édification d’une barrière physique à la frontière mexicaine ainsi que certains discours et décisions de politique américaine entretiennent le doute : et si un mur était construit le long de la frontière avec le Canada ? Deuxième d’une série de trois articles Le secrétaire d’État à la Sécurité intérieure devra conduire une étude sur la faisabilité d’infrastructures de sécurité le long de la frontière nord des États-Unis », peut-on lire dans le texte du Secure fence act (« Loi sur la barrière de sécurité »), voté par les membres républicains et une partie des démocrates du Congrès américain en décembre 2005 et ratifié par George W. Bush en octobre 2006. Destinée principalement à contrer l’immigration illégale, en provenance – à 95% – du Mexique, cette loi n’épargne pourtant pas le Canada. Un rapport sera remis au Congrès et au président au plus tard en juin 2008. Pour Jan C. Ting, ancien candidat républicain aux élections sénatoriales de 2006 et spécialiste des questions d’immigration et de sécurité intérieure américaine, « la barrière est l’élément essentiel de tout projet de limitation de l’immigration illégale. La frontière sud est notre priorité (…) mais nous avons déjà eu au moins un terroriste en provenance du Canada [le Montréalais Ahmed Ressam, qui préparait un attentat à Los Angeles en 1999] donc nous devons aussi modifier la sécurité de celle du nord. » Plus de douaniers ou plus de barrières ? La ville québécoise de Stanstead, à la frontière de l’État du Vermont, pourrait être la première touchée par l’édification de barrières sur trois de ses rues, où la ligne de souveraineté entre les deux pays est quotidiennement violée (voir article précédent). Des assemblées publiques ont déjà eu lieu dans les villes frontalières pour envisager toutes les alternatives. France Bonsant, la députée bloquiste de Compton-Stanstead, se dit « inquiète » que des barrières soient érigées dans sa circonscription : « Ce serait idiot, surtout à l’heure où les frontières tombent en Europe. » Elle explique être pour la libre circulation des personnes et des biens, et propose de lutter contre les trafics grâce à « plus de moyens humains », douaniers comme agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Jan C. Ting voit les choses d’une tout autre manière. Pour lui, « les ressources humaines à la frontière reviennent plus cher que la construction d’un mur. » Il ajoute que si « le retour sur investissement » des barrières à la frontière mexicaine est bon, il sera peut-être intéressant de le faire au nord. M. Ting est sûr que « les Américains vont soutenir le projet, la plupart veulent que leur gouvernement sécurise les frontières. » Aujourd’hui, il y a 0,1 douanier au kilomètre pour sécuriser la frontière entre le Canada et les États-Unis, contre 3,2 à la frontière avec le Mexique. La nuit, la plupart des postes de passage sont fermés. « De la science fiction » Elaine Lavergne, porte-parole de la GRC, imagine plutôt mal une ligne fortifiée entre les deux pays : « Barricader 8000 kilomètres, avec les lacs et les montagnes, ce serait impossible ». Quant à Michel Fortmann, directeur du Groupe d’étude et de recherche sur la sécurité internationale (GERSI) de l’Université de Montréal, il est pris d’un fou rire à la simple évocation du mur. « C’est de la science fiction, c’est irréalisable. » Des représentants républicains comme Tom Tancredo, interrogé par la chaîne canadienne CBC en avril 2006, continuent pourtant d’afficher leurs objectifs. M. Tancredo a même un modèle en tête : « un mur de 15 pieds de haut avec du grillage. Il y aurait une route et ensuite une autre barrière. » Lors de l’entrevue, il se montre soucieux de ne pas paraître anti-mexicain, c’est pourquoi il appelle à « construire une barrière des deux côtés ». Pour lui, le principe est simple : « les bonnes barrières font les bons voisins ». Quelques chiffres :
 8 891 km : la longueur de la frontière
• dont 3830 km de frontière aquatique
• dont 2172 km de frontière boisée
 6 mètres : la largeur de la percée qui doit être dégagée le long de la frontière terrestre
 1874 : année d’établissement de la définition de la frontière
 200 millions : le nombre de personnes qui franchissent la frontière chaque année Source : Commission de la frontière internationale Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).

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