Les ders des ders

Trois Britanniques, deux Italiens, un Américain, un Turc
et un ancien combattant austro-hongrois – aujourd’hui
Allemand. Voici la mince liste des soldats vétérans de
la Grande Guerre. « En 2010, il ne devrait plus y avoir de
survivant », estime Frédéric Mathieu, un informaticien
parisien qui s’est donné comme défi de recenser ces anciens
adolescents soldats de l’époque, aujourd’hui tous centenaires.
Le plus âgé, l’Anglais Henry Allingham, a 111 ans. Le
plus jeune, 106 ans. Beaucoup n’ont connu que la toute fin de la Guerre, comme
le Britannique Claude Choules qui, après s’être engagé dans
la Royal Navy à 15 ans, sera tout juste témoin de la capitulation
de l’Allemagne. Pour l’instant, ce sont les Alliés qui
mènent la bataille des survivants avec six représentants
contre deux pour le camp allemand – Autriche-Hongrie
et Turquie. Il pourrait y en avoir d’autres Aucun organisme international ne tient de liste des vétérans
des Guerres mondiales. « Tout un travail aurait pu être
fait par l’Union européenne, mais il n’y a rien eu », se
désole Frédéric Mathieu. Certains pays, surtout du camp
des vainqueurs, ont tenu des registres, mais la plupart du
temps, il a dû se débrouiller seul. « J’ai épluché les journaux
locaux et contacté les associations d’anciens
combattants. Depuis, je suis quasiment polyglotte. » Au
meilleur de sa connaissance et de ses recherches, il recense
14 survivants du premier conflit mondial, dont seulement
huit ont participé aux combats. Il pourrait rester quelques survivants en Russie, en Serbie,
ainsi que dans les anciennes colonies anglaises et françaises,
même si l’espérance de vie y laisse moins de probabilité à la
présence de centenaires. « Peut-être que proche de nous, il
y a, dans une maison de retraite, un vieux monsieur qui
ne se manifeste pas », soupçonne, Frédéric Mathieu, plein
d’espoir. Et les Canadiens ? Sur les 650 000 Canadiens engagés dans le conflit mondial
à partir de 1914 – et surtout à partir de la conscription
en 1917 – il reste deux survivants, dont une femme. Mais
John F. Babcock, 107 ans, et Gladys Powers, 108 ans, n’ont
jamais participé aux combats. Le premier a fait toutes ses
formations en Angleterre, sans connaître le front. La seconde
travaillait dans les casernes de la Royal Air Force
britannique. « Ces personnes sont le symbole d’une
époque, d’un immense sacrifice. On ne doit pas les
oublier », dit Frédéric Mathieu. « C’est aussi l’histoire du
Canada, une partie de vos ancêtres ont laissé leur
peau pour sauver la France. » Les Canadiens se souviennent-ils ? En 2007, un sondage
Ipsos-Reid/Dominion réalisé pour le compte du National
Post révélait que 63 % des jeunes de 18 à 24 ans ignorent
quel armistice est célèbré le 11 novembre de chaque année,
jour du Souvenir. Le 11 novembre prochain, ce sera le 90e anniversaire de la
fin de la Première Guerre mondiale. Cette Grande Guerre
devait être la dernière, « la Der des Ders ». On sait qu’il n’en
sera rien. La mémoire de ces combats subsiste encore à
travers ces quelques jeunes soldats de l’époque, aujourd’hui
plus que centenaires. Pour combien de temps encore ? Quelques chiffres  Près de 9 millions de soldats sont
morts entre 1914 et 1918  650 000 Canadiens ont pris part
au conflit, dont 69 000 sont morts  Les soldats allemands les plus
jeunes avaient 14 ans  Près de 500 000 soldats seraient
morts après la Guerre des suites de
leurs blessures  Il reste environ 200 000 vétérans
canadiens de la Seconde Guerre
mondiale dont près de 500 décèdent
chaque semaine Mode de sélection Les critères de sélection divergent
entre pays anglo-saxons et latins.
Les premiers considèrent comme
vétérans de guerre l’ensemble des
membres de l’armée mobilisés,
combattant ou non, sur le champ
de bataille. Les pays latins ne considèrent
comme anciens combattants
que ceux ayant combattu au
moins trois mois, pour la France, et
six mois, pour l’Italie. Quartier
Libre a décidé de faire un juste
milieu en retenant l’ensemble des
soldats qui ont combattu, quelque
soit la durée de leur présence au
front. Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).

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