Le pacte qui dérange le Sud

Deux candidats sont en lice. Le favori est Dominique Strauss-Kahn, ex-ministre français de l’Économie, appuyé par la majorité des pays de l’Union Européenne, les États-Unis et la Chine. Son concurrent est Josef Tosovsky, ancien directeur de la Banque centrale tchèque, soutenu notamment par la Russie. La coutume qui réserve à un Européen la présidence du FMI et à un Américain celle de la Banque mondiale découle d’un pacte tacite conclu entre les grandes puissances au moment de la création de ces institutions financières internationales (IFI) à Bretton Woods en 1944. Les pays du Sud – Amérique latine et Afrique du Sud en tête – réclament une répartition plus juste des postes et des réformes au sein de ces institutions. Luc Cardinal, consultant financier qui a travaillé pour la Banque mondiale et le FMI, pense lui aussi « qu’un renouveau et une démocratisation seraient aujourd’hui plus convenables ». La croissance économique est sérieusement amorcée dans plusieurs pays émergents, dont le Brésil, l’Inde, le Venezuela et la Thaïlande. Il évoque notamment l’exemple de la Chine, dont la croissance économique dépasse aujourd’hui celle des États-Unis. Est-il légitime de réserver le monopole de la direction aux plus grands bailleurs de fonds de ces institutions (les États-Unis et l’Europe) ? « Toute personne qualifiée et compétente devrait pouvoir proposer sa candidature à ce poste », souligne M. Cardinal. Mais l’enjeu de cette course à la présidence n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Certains États émergents croient qu’il serait plutôt dans leur intérêt de s’émanciper de la tutelle de ces institutions financières, contrôlées par le Nord, et plutôt de créer des pactes Sud-Sud. Revanche du Sud : une banque alternative Le projet de création d’une banque d’aide au développement régional est lancé : la Banque du Sud. Il s’agirait d’une institution, gérée par des pays émergents, dont l’une des fonctions serait de jouer le rôle d’appui financier et technique. À l’instar donc du FMI et de la Banque mondiale. Le 30 avril dernier, le président vénézuélien, Hugo Chavez, annonçait publiquement que le Venezuela quittait le giron des institutions de Bretton Woods, ayant remboursé, quelques jours auparavant, la dette extérieure de son pays. Il évoquait par ailleurs la création de la Banque du Sud, un organisme de financement conçu et géré par des pays émergents, majoritairement sud-américains. Des représentants de l’Argentine, du Brésil, du Venezuela, de l’Équateur et du Paraguay se sont réunis en mai dernier afin d’en tracer les grandes lignes. Ces pays possèderaient suffisamment de réserves en capitaux pour jouer un rôle de prêteurs régionaux sans avoir à se soumettre aux politiques américaines et à celles du G8. « L’économie va mieux en Amérique du sud depuis que la crise financière de l’Argentine s’est résorbée », affirme M. Cardinal. « Le Venezuela, par exemple, qui a récemment eu une très bonne performance économique due au pétrole, essaie d’influencer les autres pays de la région. » Chances de réussite de la Banque du sud Il semble encore tôt pour connaître le sort réservé à une telle institution financière. Pourrait-elle véritablement survivre ? « Oui, cela serait possible, mais afin d’en assurer le bon fonctionnement, il serait mieux de faire des projets communs avec la Banque interaméricaine de développement (BID), le FMI et la Banque mondiale comme le font déjà la Banque asiatique de développement et la Banque africaine de développement. » Ces deux institutions fonctionnent indépendamment du FMI et de la Banque mondiale, mais en gardant des liens étroits avec eux. Si la Banque du Sud est mise de l’avant, « elle pourrait profiter d’un support en ressources humaines et financières des IFI ». Au niveau de son fonctionnement interne, la Banque du Sud compte octroyer à ses membres un droit de vote qui ne tienne pas compte de leur apport monétaire. La banque se chargerait également de mettre en application des traités relatifs aux droits humains et sociaux. *** Le FMI et la Banque mondiale avaient pour mission de relancer l’économie de l’Europe et des États-Unis après la Seconde Guerre mondiale et financer les pays en voie de développement. Suite au succès de leur mission première, elles ont modifié leur raison d’être dans le but de combattre la pauvreté et d’aider ou prévenir les situations de crise des pays en voie de développement ou en transition. Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).

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