Il ne faut pas se le cacher : le mouvement anti-LRU que vient de connaître la France est à l’agonie et à reconstruire. Ce qui sera difficile pour les étudiants puisque le mois de janvier est celui des examens et que ceux-ci se dérouleront pendant une bonne partie du mois de février dans les facs qui ont décidé de les décaler. La mobilisation nationale ne pourrait donc reprendre qu’après une longue coupure si les étudiants le voulaient. Ce qui ne semble pas être le cas puisque désormais, la division de la vie universitaire est évidente. Il n’est plus question de l’abrogation de la LRU, mais du blocage comme si ce dernier était une fin en soi. La non consultation de la coordination nationale étudiante par la ministre de l’enseignement supérieur français Valérie Pécresse, la désinformation pratiquée à outrance par les médias locaux, nationaux et régionaux à propos de la LRU et de ses contestataires, la puissance médiatique de l’UNEF, le formidable travail de l’UNI et des « jeunes populaires » sur les campus, la rapide radicalisation du mouvement imprévue et non préparée par les syndicats les plus à Gauche encore sonnés par la victoire récente de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, l’entrée tardive des lycéens dans le mouvement et non en simultané avec les étudiants, la dépolitisation totale de la jeunesse et de la société toute entière sont les raisons capitales d’un échec annoncé. Le blocage est la bombe atomique des étudiants. Lancée trop vite, elle leur a finalement sauté dans les mains. Les assemblées générales ont été très tôt perçues par la majorité des étudiants comme de véritables élections staliniennes. Ils sont alors nombreux à réclamer le vote à bulletin secret sur le blocage (comme par hasard uniquement sur le blocage et non sur les autres points comme si la démocratie réclamée se faisait à la carte), qui s’effectuera parfois électroniquement alors qu’être perdu dans la foule, plutôt que d’émarger au bas d’une liste ou donner son INE, est le meilleur moyen de voter anonymement, de garder son vote secret pour l’étudiant lambda. En effet, il vaut mieux lever la main au milieu de cinq cent personnes plutôt que de laisser son nom aux syndiqués les plus sectaires et de donner son INE à l’administration. Surtout que les votes électroniques comme les votes à bulletins secrets n’ont jamais rassemblé plus de personnes que les AG, encore moins la totalité des inscrits contrairement à ce que prétendaient les adversaires du blocage de mauvaise foi. Facile ainsi de savoir qui a voté quoi et de ficher les étudiants. Souhait avoué par des militants de Droite dans les discussions privées. Souhait absurde et fou. C’est évident. Mais le plus fou aura été certainement de voir un directeur d’IEP (Olivier Ihl de Grenoble) attaquer ses élèves à coups de barre de fer tôt le matin battant ainsi ses collègues présidents d’université qui ne se sont pas gênés pour envoyer les CRS évacuer les facs occupées par des jeunes sans défense (c’est l’une des raisons de l’échec actuel du mouvement) et bloquées afin que les boursiers puissent se mobiliser sans que leur moyen de faire des études leur soit retiré. Les CRS ayant été envoyés également dans les lycées comme si c’était être raisonnable et responsable de faire tabasser des enfants. C’est donc dans ce contexte très tendu et difficile que s’effectuera la rentrée des vacances de Noël. Si les syndicats étudiants pensent déjà au contrat unique prévu pour mars, la lutte anti-LRU pourrait bien être relancée dès ce mois-ci avec le référendum que souhaitent organiser les enseignants-chercheurs avec le reste du personnel qui fait une université afin, cette fois, de marquer les esprits et d’attirer les médias. Comptant bien sûr sur un refus franc et massif du monde universitaire. L’abrogation de la LRU étant déjà triomphante au sein des assemblées générales étudiantes.
Chronique : Universités françaises : Ils sont devenus fous !