L’élection présidentielle à Chypre, dont le deuxième tour se tient ce week-end, revêt une importance particulière pour les Chypriotes-turcs qui sont exclus de ce processus. Le résultat des élections va probablement déterminer la politique qui sera suivie au sujet de l’unification de l’île et de l’isolement économique et politique des citoyens européens de Chypre du Nord. Les Chypriotes-turcs favorables à une réunification En 2004, les Chypriotes-grecs et les Chypriotes-turcs avaient été appelés à se prononcer ensemble sur le plan Annan de l’ONU qui prévoyait la réunification de l’île avant l’adhésion de Chypre à l’Union européenne. Les référendums se sont soldés par un vote négatif du côté grec (avec 75,86 % de « non »), mais par un vote positif du côté turc : Chypre est donc entrée dans l’UE comme un pays divisé dont une partie des citoyens ne jouit pas des droits que la citoyenneté européenne leur confère. L’UE et les Nations unies ont annoncé que l’année 2008 sera l’année de la dernière chance pour Chypre. Ainsi, la politique que mènera le prochain président chypriote sera déterminante. Principal artisan du rejet du plan Annan, le président sortant Tassos Papadopoulos, défait au premier tour, a affirmé vouloir faire table rase et négocier un nouveau plan de réunification, tout en restant attaché aux principes d’un État fédéral bizonal et binational, et en refusant de se tenir à un calendrier fixe. Par leur vote de dimanche dernier, les Chypriotes-grecs ont décidé de ne pas l’attendre. Crainte de ne devenir qu’une minorité nationale Les deux finalistes de l’élection se veulent les champions de l’ouverture vers la communauté chypriote-turque. Ioannis Kasoulides, parlementaire européen soutenu par le parti DISY (droite modérée), affirme vouloir renégocier les points de désaccord du plan de l’ONU rejeté en 2004. Il souhaite que sur la scène internationale, la question chypriote soit évoquée en raison de l’occupation du territoire et non en raison de l’isolement des Chypriotes turcs. Il a annoncé qu’en cas de victoire, il irait rendre visite dès le lendemain chez le président chypriote-turc Mehmet Ali Talat. Quant au candidat Dimitris Christofias, président du parlement chypriote et secrétaire général du parti AKEL (communiste), il affirme vouloir régler la question chypriote sous l’égide de l’ONU et avec la participation de l’UE, et commencer les négociations sans délai. « Il est urgent de sortir de l’impasse », a-t-il commenté dimanche dernier. Dimitris Christofias paraît être le candidat soutenu par l’ONU et l’UE mais, quel que soit le président élu, les Chypriotes-turcs craignent que les nouveaux plans de réunification proposés ne fassent d’eux qu’une minorité nationale et qu’ils ne soient pas sur un pied d’égalité avec les Chypriotes-grecs. Article original : http://www.journaleuropa.info/article/n410t0j0d0.html Image : Leonid Mamchenkov, FlickR.com
L’élection vue par les « autres » Chypriotes