Avec le scrutin prévu dans les prochains jours par la junte militaire au pouvoir, un nouveau cycle politique est sur le point de débuter. « Il y a en Thaïlande, depuis longtemps, une alternance entre démocratie et pouvoir militaire », explique Dominique Caouette, professeur adjoint au Département de science politique de l’Université de Montréal. Le 19 septembre 2006, c’est le premier ministre Thaksin Shinawatra – aujourd’hui en exil à Londres – qui était renversé par les militaires. Depuis, les dirigeants déchus se sont réorganisés en formant le PPP et comptent bien récupérer ce qu’ils ont perdu. Lorsque les militaires se sont emparés du pouvoir, ils ont promis de tenir des élections avant la fin de 2007, ce qui sera chose faite dans les prochains jours. Leur crédibilité est donc maintenue aux yeux de la communauté internationale et de la population, omme l’explique Manuel Litalien, membre du Groupe de recherche sur a gouvernance démocratique et l’ethnicité de l’UQAM. Toutefois, il joute que « les militaires n’avaient as prévu que le PPP aurait une si rande popularité, sa victoire serait un cauchemar pour eux ». Les personnes qui reprendraient le pouvoir seraient sensiblement les mêmes que celles qui avaient été renversées. Même en cas de déroute électorale, il est difficilement imaginable que les militaires disparaissent à l’issu de l’élection. Comme le souligne, M. Caouette, ils se voient comme des arbitres devant intervenir lorsque le gouvernement devient trop corrompu. Un tirage de ficelles à l’ombre des casernes qui ne semble pas déranger une population qui « ne s’est pas vraiment mobilisée ». « Elle est habituée et d’accord, jusqu’à un certain point, avec l’action des militaires », poursuit-il. Les observateurs inquiets « S’il veut diriger en paix, le nouveau gouvernement doit être favorable aux militaires », souligne M. Caouette. Cette situation laisse donc planer un doute sur le bon déroulement de l’élection et des premiers instants du gouvernement, advenant une victoire du PPP. Ce doute est d’ailleurs renforcé par le récent refus du général Sonthi Boonyaratglin, au pouvoir actuellement, de démentir la rumeur voulant qu’un autre coup d’État soit lancé contre le PPP si celui-ci l’emporte. D’après les dires du chef de la junte militaire, ces élections signifient le retour vers un gouvernement démocratique libre et indépendant. Elles inquiètent toutefois certains spécialistes, comme Jean-Philipe Leblond, membre de la Chaire de recherche du Canada en études asiatiques, pour qui « il est clair que le contrôle des militaires sera fort pendant la période électorale ». Pour Manuel Litalien, que le gouvernement militaire en Thaïlande cherche à limiter la liberté politique. Plusieurs règles rendent en effet illégal le fait de jouer de la musique lors de rassemblements partisans ou encore de se réunir à plus de cinq personnes sans l’autorisation de la commission électorale. Pour le chercheur, « ces nouvelles mesures laissent croire que les militaires veulent entraver l’action des partis politiques ». Jean-Phillipe Leblond croit que le PPP est le seul parti qui semble « libre et indépendant des militaires », contrairement aux autres partis d’opposition comme le Parti démocrate ou le Parti des Thaïs unis. Le PPP a déjà de très bons appuis dans la population, comme l’indique un récent sondage du quotidien Bangkok Post lui donnant 51 % des suffrages. « Le PPP aurait encore plus de pouvoir si le système politique était libre », soutient-il. Vers un autre coup d’Etat ? Toutefois, selon Manuel Litalien, « même si le PPP gagne, les militaires n’ont pas intérêt à déclencher un coup d’État immédiatement après l’élection ». Ils risqueraient de se mettre la communauté internationale et toute la population thaïlandaise à dos. Il est toutefois bien clair, selon lui, que les militaires ne disparaîtront pas pour autant : « Ils vont jouer à l’arrière de l’arène politique comme ils l’ont toujours fait. » Pour le spécialiste, le coup d’État de 2006 a été un échec évident : « Les militaires n’ont pas réussi à créer l’unité au sein de la population ni à enrayer la corruption. » Cela sans compter la situation des droits de l’Homme et de la liberté de presse, qui est « pire maintenant que durant les années Thaksin », affirme-t-il. 19 COUPS D’ÉTAT EN 75 ANS Les Thaïlandais n’en sont pas à leur premier coup d’État. Celui de 2006 est le 19e depuis 1932. Ces soulèvements ont tous été exécutés par les militaires et encouragés par différents groupes défavorables au gouvernement en place. Le coup d’État du 19 septembre 2006 a été orchestré par une coalition d’acteurs issus du pouvoir militaire et de la classe moyenne bourgeoise. Cette dernière se sentait laissée par les mesures populistes de Thaksin. Les militaires sont passés à l’action alors que le premier ministre était à New York pour l’Assemblée générale des Nations Unies. Ils ont justifié leurs actions en invoquant la corruption du gouvernement en place et les nombreuses divisions dans la société thaïlandaise. Le précédent coup d’État remontait à 1991. Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).
Elections législatives en Thaïlande : d’élections en coups d’Etat