Le gouvernement conservateur a limité l’accès aux journalistes à la Tribune de la presse parlementaire. En retardant l’annonce des rencontres entre chefs d’État, les Conservateurs compliquent ou rendent impossible la couverture médiatique de certains événements ou décisions prises ayant un intérêt public. De plus, le Premier Ministre Harper a annoncé que les journalistes n’auront plus la possibilité de poser de questions lors des séances photos dans son bureau. Ceux qui souhaiteront le faire au cours des conférences de presse devront s’inscrire sur une liste, laquelle permettra aux élus de cibler les personnes à qui ils désirent répondre et à quel sujet. Dans le but d’empêcher les journalistes de questionner les ministres sur leur portfolio lors des réunions du Cabinet, Monsieur Harper envisage de garder ces réunions secrètes. « Maintenant, un ministre ne peut parler aux médias que s’il en a l’autorisation du Bureau du Premier ministre », a expliqué M. Yves Malo, Président de la Tribune de la presse parlementaire, lors d’une entrevue accordée au magazine Trente. En réponse aux plaintes formulées par les membres de la Tribune de la presse parlementaire au sujet des difficultés d’accès aux ministres, la directrice des communications du Premier Ministre, Sandra Buckler, a répondu qu’elle « ne crois pas que le Canadien moyen s’en préoccupe, aussi longtemps qu’il sait que le gouvernement est bien géré ». Plusieurs journalistes accusent le gouvernement de mettre en jeu la liberté de presse, classée comme une liberté fondamentale dans la Charte canadienne des droits et libertés. En exerçant un contrôle sur l’information qu’il dévoile, le gouvernement Harper fait-il de la censure, guidant ainsi les médias vers les informations qui ne lui sont pas défavorables ? Comment faut-il interpréter l’interdiction faite aux médias, en avril dernier, de couvrir le rapatriement des soldats canadiens tués sur la ligne de front ? Le gouvernement Harper dira qu’il cherchait à protéger la vie privée des familles alors que les journalistes pour leur part, l’accusent d’aller à l’encontre de la liberté de presse. S’il est vrai que le gouvernement Harper exerce un contrôle sur l’information politique accessible aux médias, Yves Malo explique qu’« il y a toujours du contrôle. Dès qu’une personne, un parti ou une compagnie fait une conférence de presse, c’est parce qu’ils veulent faire passer un message. C’est à nous d’être vigilant ». Selon le président de la Tribune parlementaire, le problème est que le gouvernement Harper ne se préoccupe tout simplement pas de la presse nationale. Selon Mme Anne-Marie Gingras, professeure titulaire au département de sciences politiques de l’Université Laval, l’attitude contrôlante du gouvernement conservateur s’explique, entre autre, par le manque de confiance de M. Harper à l’égard de ses ministres. Le gouvernement Harper est un gouvernement minoritaire dont la plupart des ministres assument une responsabilité ministérielle pour la première fois. Aux yeux du Premier Ministre il serait dangereux de laisser ses personnes inexpérimentées répondre aux questions des journalistes. Dans son livre Governing from the Centre, Donald Savoie décrit la tendance centralisatrice du gouvernement canadien, le pouvoir consenti au pouvoir exécutif et la faible influence du Parlement. Les mesures restrictives prises par le gouvernement Harper à l’égard des médias ainsi que la volonté du Premier ministre à être le seul porte-parole de la politique canadienne, illustrent bien le modèle de centralisation expliqué par l’auteur. La concentration du pouvoir autour de la personne du Premier ministre s’est donc accentuée depuis l’entrée en fonction des Conservateurs, « Le gouvernement Harper est un exemple parfait de centralisation du pouvoir au sein du gouvernement canadien », décrit Donald Savoie. Pour sa part, Mme Gingras croit que « dans cette structure, les ministres peuvent devenir de simples exécutants ». Selon Yves Malo, le gouvernement conservateur trouve aberrant que les ministres puissent parler aux médias… Pourtant, le rôle des médias est depuis longtemps reconnu comme permettant le transfert de l’information de la sphère politique vers la population. Au XVIIe siècle, les publications servaient d’abord à faire connaître les actions des dirigeants aux classes supérieures de la société. Elles ne suscitaient pas de débat public et la remise en cause des structures sociales. Aujourd’hui cependant, l’accès à l’information est un droit acquis de l’espace public et c’est le rôle des médias de favoriser un équilibre dans le jeu démocratique. En effet, plusieurs auteurs s’accordent à dire que le pouvoir médiatique constitue le quatrième pilier d’un système démocratique en parallèle avec les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Selon Yves Malo, la façon de faire du gouvernement Harper est calquée sur celle des dirigeants américains. En effet, l’attitude du gouvernement conservateur face aux médias est semblable à celle de l’administration républicaine. Selon Mme Gingras, cette similitude relève davantage du rapprochement entre les deux partis que d’une volonté de reproduire le modèle américain. La professeure de sciences politiques explique également que la proximité entre les citoyens, les médias et les politiciens est beaucoup plus valorisée au Canada qu’aux États-Unis. Si le gouvernement Harper n’a pas prohibé la publication d’information, les mesures adoptées amènent à se questionner sur sa transparence et son respect des valeurs démocratiques. Les politiciens sont en général prudents en présence des journalistes, mais selon Mme Gingras, « le gouvernement Harper entretient un sentiment de mépris à l’égard des médias. Dans la sphère politique, le respect des journalistes est très important. À long terme, la situation n’est pas rassurante. » Depuis 1994, le Programme Paix et sécurité internationales (PSI) poursuit ses activités à l’Institut québécois des hautes études internationales (IQHEI). L’expertise du programme porte avant tout sur la sécurité internationale et sur le maintien de la paix. De façon plus précise, le mandat du programme comporte quatre objectifs : encourager la recherche, en particulier sur le maintien de la paix ; offrir aux chercheurs canadiens en études sur la sécurité un débouché pour la publication et la diffusion de leurs travaux à travers le monde francophone ; offrir de l’enseignement et un encadrement pour la recherche aux étudiants intéressés par les questions de sécurité internationale ; sensibiliser le public québécois aux questions d’actualité stratégique. Le programme opère un site Internet entièrement dédié au maintien de la paix que vous pouvez consultez à l’adresse suivante : ulaval.ca/iqhei. Vous pourrez y trouver, entre autres, une panoplie d’information en lien avec la sécurité internationale et le maintien de la paix ainsi que la liste des publications du PSI, les apparitions dans les médias de ses collaborateurs et le calendrier de ses activités. Dans les mois à venir, le PSI organisera plusieurs conférences, colloques et tables rondes. Voici quelques unes des activités dont le PSI sera l’hôte. Le 15 novembre, le PSI recevra M. T. Jeremy Gunn, directeur du Programme pour la liberté de religion et de croyance de l’ACLU (American Civils Liberties Union), dont la conférence est intitulée Etats-Unis : Impératifs de sécurité et nécessités de la tolérance. De plus, M. Frédéric Lasserre, professeur au département de géographie et chercheur à l’IQHEI, tiendra un colloque le 17 novembre, en collaboration avec le PSI, ayant pour titre Changements climatiques et ouverture de l’Arctique : quels impacts stratégiques pour le Canada ? Le 20 novembre, Mme Anne Therrien, agente des politiques à la Défense nationale, en collaboration avec le PSI, viendra entretenir les étudiants de deuxième cycle de diverses disciplines sur le Programme de recrutement d’agents des politiques. Aussi, le PSI accueillera. M. Amin Abou-Hassira, Chef de la délégation générale pour la Palestine au Canada, le 7 décembre. Finalement, le PSI organisera une table ronde vers la fin novembre afin de souligner le 50e anniversaire du maintien de la paix. Pour plus d’informations, veuillez consulter notre site Internet.
Les « conservateurs » d’information