Une laïcité de principe

Le centre-ville d’Ankara est noir de monde. Des passants se précipitent entre les vieux taxis klaxonnant sans arrêt. D’autres sont avachis à l’extérieur de leurs magasins en buvant du thé et en discutant avec le commerçant voisin. On trouve des boutiques occidentales à chaque coin de rue, bondées de jeunes qui se tiennent en groupe. Quatre jeunes filles aux mèches colorées et à l’allure occidentale entrent dans une lunetterie de luxe en pianotant sur leur téléphone dernier cri. Un autre groupe de filles, voilées cette fois, les croisent à la sortie. Malgré les 37 degrés celsius qu’affiche le thermomètre, ces dernières sont couvertes jusqu’au cou. Aucun cheveu ne dépasse de leurs foulards. Contrairement aux vêtements d’été des premières, elles portent toutes un jeans, un chandail à manches longues, et une robe par-dessus le tout. Bienvenue en Turquie, pays où la laïcité et la religion se heurtent sans arrêt. La Turquie est un pays laïc par principe. Le fondateur de la République, Mustafa Kemal, dit « Atatürk », en a fait le fondement de la nation au début du 20ème siècle. Contrairement à plusieurs autres pays musulmans, la laïcité est sacrée et même protégée par l’armée qui lui en est garante au point de renverser tout gouvernement faisant menace à la séparation du pouvoir et de la religion. En 1997, c’est la défense de ce principe séculier qui l’a menée à lancer le quatrième coup d’état turc depuis 1960. Les Turcs, bien que musulmans à 99%, ne sont pas tous pratiquants et croient davantage en l’icône d’Atatürk, le plus important symbole de la nation, qu’aux discours des imams. Pourtant, les mosquées fleurissent dans le pays et l’on continue d’entendre, cinq fois par jour, le chant du muezzin appeler les fidèles à prier. Il existe toujours une racine religieuse s’exprimant notamment par le port du voile chez une majorité de femmes, mais le nombre baisse : 36,5% des femmes sortiraient aujourd’hui sans voile contre 27,3% en 1999, selon une enquête commanditée par la Turquish Economic and Social Foundation. Les grandes villes influencées par l’Occident comme Ankara, Izmir ou Istanbul, ressemblent plus à un défilé de mode occidentale qu’à une parade de hijabs. On retrouve ces derniers surtout dans les campagnes et dans l’est du pays, plus conservateur. Le port du voile est interdit dans les institutions publiques comme les ministères ou les universités, et les musulmanes couvertes ont parfaitement assimilé les valeurs laïques en refusant la polygamie, les divorces décidés arbitrairement par le mari, ou les héritages inégaux. Le nouveau gouvernement turc élu cet été est issu de la mouvance islamique et les deux premières femmes du pays, Hayrünnisa Gül, femme du président Abdullah Gül, et Emine Erdoğan, épouse du premier ministre Tayyip Recep Erdoğan, sont toutes deux voilées. Récemment, l’armée a refusé de les inviter, en contestation de cette marque religieuse, au défilé annuel du 30 août. Cet évènement célèbre la victoire de l’Empire Ottoman contre les Grecs, qui ouvrit la voie à la fondation de la Turquie. La Turquie est considérée comme l’un des États les plus modernes du Moyen-Orient. Le nouveau président Gül, élu le 28 août dernier, s’est engagé à respecter les principes laïcs. Nous sommes bien loin des contrées voisines comme l’Iran et le discours très religieux de son président. Selon David Romano, chercheur au Consortium interuniversitaire de Montréal pour les Études arabes et du Moyen-Orient, « il est difficilement imaginable qu’un État religieux voit le jour à Ankara ». Si la Turquie désire garder sa place en ligne pour entrer dans l’Union européenne, elle devra continuer à progresser sur la voie de l’Ouest. La nouvelle génération turque met l’islam de plus en plus de côté et est soucieuse de l’image que projette son pays à l’étranger. Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).

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