Le politicien qui ne tient pas en place

C’est le 12 septembre dernier que le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a rendu sa démission, abandonnant ainsi son poste de leader du Parti libéral démocrate (PLD, la droite japonaise). Son successeur à la tête du parti, Yasuo Fukuda, devrait normalement hériter du poste de premier ministre pour les deux dernières années du mandat. Le Parti démocrate du Japon (PDJ), leader de l’opposition de centre-gauche au parlement japonais et déjà vainqueur des élections sénatoriales, menace de déposer une motion de censure et fait tout pour que des élections législatives anticipées aient lieu. Celui qui a pris les commandes de cette contestation, c’est Ichiro Ozawa. Ceux qui connaissent bien le parcours de cet homme politique ne sont pas surpris de le retrouver, une fois de plus, au centre d’une crise politique. Brillant tacticien et adversaire politique redoutable, M. Ozawa a connu une carrière politique agitée. « En fait, c’est le personnage central de la politique japonaise depuis plusieurs années », souligne Yves Tiberghien, chercheur associé au Centre de recherche sur le Japon de l’Université de la Colombie-Britannique. Un pas à gauche, un pas à droite Les premières turbulences de cet homme politique remontent à 1993. Alors membre influent du PLD, M. Ozawa quitte ce parti, officiellement à cause d’un différend sur une réforme électorale et entraîne avec lui d’autres élus. Les raisons de son départ auraient toutefois été plus personnelles. « M. Ozawa voulait se faire élire à la tête de sa faction, pour éventuellement se faire nommer premier ministre. Ayant échoué, il a préféré quitter le parti en compagnie de ses partisans », pense M. Tiberghien. Bernard Bernier, chercheur au Centre d’études de l’Asie de l’Est de l’Université de Montréal, ajoute qu’à l’époque, « son mentor, Shin Kanemaru, avait été impliqué dans un scandale de financement du PLD à partir des ristournes de contrats gouvernementaux de la construction ». Non contents de simplement claquer la porte, M. Ozawa et ses partisans soutiennent la coalition d’opposition de centre-gauche, leur permettant de remplacer le PLD au pouvoir, après une domination ininterrompue de 38 ans. De retour dans l’opposition à peine 10 mois plus tard, Ozawa fonde un nouveau parti, le Shinshinto. En 1997, ce parti éclate en raison d’un conflit entre les partisans et les détracteurs d’Ozawa. Ce dernier en remet et fonde le Parti libéral, un parti de droite qui n’a jamais réussi de grandes percées dans l’électorat. Surprendre, c’est peut-être ce qui motive M. Ozawa. En 2003, il prend tout le monde de court en fusionnant son parti avec le PDJ, alors nettement plus à gauche qu’aujourd’hui. Pour les spécialistes, cela sonne le glas de sa carrière politique. Deux ans plus tard, il accède à la présidence de ce parti, par acclamation de surcroît, présentant un programme économique axé sur les privatisations et les déréglementations. Dans l’antichambre du pouvoir Depuis 2006, M. Ozawa lutte agressivement pour mener son nouveau parti au pouvoir. La crise actuelle pourrait-elle lui permettre d’atteindre cet objectif ? Rien n’est moins sûr. Il y aurait apparemment peu de chance pour que la démission de M. Abe provoque des élections anticipées, malgré les souhaits de l’opposition. Selon M. Bernier, « le PLD est peu pressé de déclencher des élections, sachant qu’il risque bien de les perdre. Il peut patienter encore deux ans avant de le faire ». Une journaliste du Japan Times, qui a préféré garder l’anonymat, rappelle toutefois que plusieurs Japonais souhaitent des élections rapides. « Il n’y a pas eu d’élections depuis le vote de confiance accordé au très populaire Junichiro Koizumi [l’ex-premier ministre] en 2005. La situation politique a beaucoup changé depuis ». Il n’est pas sûr non plus que le PDJ réussirait à reproduire, aux élections législatives, son succès des dernières élections sénatoriales, estime M. Tiberghien. « Au Japon, les gens ont tendance à se défouler aux élections sénatoriales. Il faut donc se méfier des résultats. De plus, il faut beaucoup plus de députés à la chambre basse pour former la majorité absolue [241, contre 122 au Sénat]. Or, le PDJ n’est pas très bien organisé et a parfois de la difficulté à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions. » M. Tiberghien doute également de la possibilité qu’à terme, M. Ozawa occupe le siège de premier ministre. « D’abord, il a des ennuis de santé bien connus. Ensuite, il serait tout à fait du genre, en cas de victoire du PDJ aux législatives, à nommer quelqu’un d’autre au poste de premier ministre, quitte à tirer les ficelles derrière. Enfin, ses frasques passées affectent la confiance que les Japonais ont en lui. » La journaliste du Japan Times fait toutefois remarquer que M. Ozawa a peaufiné ses méthodes. « Il était auparavant une figure symbolique des manigances politiques, mais il essaie de faire montre de plus de transparence depuis qu’il est à la tête du PDJ. Il est plus ouvert et explique les positions de son parti chaque fois qu’il le peut. » Dans un sondage publié par le journal Asahi Shimbun du 15 septembre dernier, 41 % des répondants souhaitaient que le gouvernement soit dorénavant mené par le parti d’Ichiro Ozawa, mais seulement 6 % faisaient de ce dernier leur choix comme prochain premier ministre. Le journal indépendant de l’Université de Montréal Quartier Libre est le principal journal des étudiants de l’Université de Montréal (UdeM). Organe de diffusion indépendant de la direction de l’UdeM, Quartier Libre est un bimensuel distribué à plus de 7000 exemplaires sur et autour du campus. Quartier Libre compte sur la collaboration de plusieurs étudiants (dans différents domaines d’étude) de l’UdeM et de quelques journalistes extérieurs. Il se veut un journal école, un tremplin pour les étudiants qui souhaitent faire carrière en journalisme et se donne comme mandat de traiter de tous les sujets chauds du campus de l’UdeM et d’ailleurs, de faire des analyses sur des thèmes de société et internationaux et de promouvoir la culture émergeante qui n’est pas ou peu couverte par les autres journaux québécois. Innovateur et dynamique, il a été nommé « meilleur journal étudiant du Canada » par Paul Wells, chroniqueur au magazine canadien Macleans. L’ensemble de la rédaction est rémunéré pour son travail. L’équipe rédactionnelle 2007-2008 est composée de Rachelle Mc Duff (directrice et rédactrice en chef), Clément Sabourin (chef de pupitre campus), Julie Delporte (chef de pupitre culture), Thomas Gerbet (chef de pupitre société-monde) et Clément de Gaulejac (directeur artistique).

Le politicien qui ne tient pas en place
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